Le Front National , annoncé de longue date au second tour, a l’ambition d’être partout. Illustration dans la circonscription haut-rhinoise numéro 6 (Illzach, Mulhouse Nord, Sierentz, Wittenheim).
Ce jeudi, en début d’après-midi, une poignée de militants se retrouvent devant la mairie de Kingersheim pour le partage des rues. L’équipe compte une trentaine de personnes actives et entend inonder son territoire de prospectus – les tracts, plutôt pour les marchés et les discussions, les programmes plutôt dans les boîtes aux lettres. Denis Pint annonce ainsi la distribution de 1 500 tracts plus tôt dans la semaine, à Sierentz. Cassandra Rotily, 22 ans, de Rustenhart, qui a déjà fait campagne en 2012, observe « un engouement croissant, des gens qui viennent vers [eux]. Je le vois au fil des élections. »
Les militants d’extrême droite (ils rejettent ce terme qui les situe sur l’échiquier politique) s’emploient à montrer un visage rassurant et continuent de jouer la carte de la stigmatisation par les médias : « Quand on explique la vérité, les gens comprennent. »
L’opération « boîtage » vise notamment un quartier où le vote PS était important en 2012, d’après ce qu’on leur a dit. Ils vont chercher les abstentionnistes dans les coquettes maisons de la cité Fernand (à cheval sur le ban de Wittenheim). Par endroits, les terrils des mines de potasse barrent l’horizon.
Sylvain Marcelli, 27 ans, élu au conseil régional, s’engage dans les rues désertes à cette heure. Il est entré à l’âge de 17 ans à Alsace d’Abord, revendique une fibre sociale et écologiste : « L’immigration est une part importante, il ne faut pas la négliger, mais on est au point sur tout », fait-il valoir. Est-ce qu’il y croit ? Sylvain Marcelli espère que sa candidate va gagner mais il reste prudent : « Chaque semaine, toutes les cartes sont rebattues… »