Le libre-échangisme est une menace tant pour notre économie, nos emplois, que pour notre modèle social, sanitaire ou environnemental. Nos dirigeants ne le savent que trop bien, et ce n’est pas un hasard si le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) s’est négocié aussi longtemps dans le plus grand secret, à l’abri des regards indiscrets, et le plus loin possible du peuple.
Il aura fallu attendre que l’opinion publique prenne accidentellement conscience de l’existence de ce traité pour que notre gouvernement, fort embarrassé, se mette à montrer quelques réserves à l’égard de ce TAFTA pourtant bien conforme aux politiques menées par la droite et la gauche depuis 40 ans.
Une erreur que l’Union Européenne ne souhaite pas reproduire avec le CETA, un autre grand traité de libre-échange en cours de négociation avec le Canada. Encore assez peu connu du grand public, celui-ci fait l’objet d’un lourd travail juridique dans le but d’être reconsidéré le plus rapidement possible en accord européen. Ainsi, la commission Juncker permettra au CETA de n’être ratifié que par les gouvernements européens, sans en passer par un débat parlementaire dans les différents pays membres de l’Union Européenne, évitant ainsi une levée de boucliers annoncée notamment en Belgique ou aux Pays-Bas, mais aussi en France et partout ailleurs lorsque l’opinion publique prendra connaissance de ce TAFTA-bis version canadienne.
Et pour cause : on retrouve tous les travers du traité transatlantique dans ce CETA qui réinstaure le principe d’arbitrage privé, permettant ainsi à une poignée d’investisseurs de remettre en cause le principe de souveraineté nationale afin de défendre ses intérêts contre l’avis des peuples. Bien entendu, les entreprises canadiennes ne seraient pas les seules à pouvoir user de cet arbitrage puisque n’importe quelle multinationale présente, par l’intermédiaire d’une de ses filiales, au Canada bénéficierait des avantages du CETA. C’est notamment le cas de plus 80% d’entreprises américaines implantées en Europe qui pourront alors trainer nos états devant des tribunaux !
Le patrimoine français et européen est également mis en danger avec la fin des Appellations d’Origine Protégée (AOP) à l’intérieur de l’espace européen. Sur 1400 AOP européennes, seules 174 sont protégées dans le CETA. Sur nos 45 fromages français théoriquement protégés par une AOP, seuls 28 sont nommés dans l’annexe 20-A du traité de libre-échange ce qui autorise de fait la libre copie des AOP françaises et européennes non citées dans ce nouveau traité, soit 88% d’entre elles !
Il est urgent de faire ce que la commission Juncker souhaite précisément éviter, en informant un maximum de personnes de l’existence de ce dossier, condition préalable à la mobilisation massive contre le CETA qui méprise les peuples, leur terroir, leur identité, ainsi que leur souveraineté. De la même manière que la défense de notre modèle social, économique et environnemental passe par un rejet du traité du libre-échange transatlantique, nous devons dire non au CETA que la commission Juncker souhaite faire passer en force le plus rapidement possible, probablement cet été, dans le but d’empêcher l’opinion publique de réagir à temps.