Il aura fallu attendre le 30 avril 2016 pour qu’un arrêté préfectoral se décide à réglementer l’usage abusif des pesticides dans notre département du Haut-Rhin (68). Si tout va bien, la préfecture du Bas-Rhin (67) devrait emboîter le pas rapidement, afin de limiter l’épandage de produits toxiques sur les vignes arboricoles proches des établissements scolaires.
Si l’intention est louable, elle n’est reste pas moins superficielle. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils tout à la fois reconnaître le danger sanitaire des pesticides, et choisir de ne pas intervenir en dehors du cadre bien particulier des épandages viticoles proches des milieux scolaires ? Les pesticides sont présents partout au quotidien, dans nos assiettes, dans notre eau, dans notre air, et la source de cette pollution massive ne se limite malheureusement pas à la culture viticole.
La problématique des pesticides fait partie des grands défis de notre époque. La transition nécessaire vers des modes de productions plus sains est une double urgence économique et sanitaire. Mais celle-ci ne se fera pas tant que les arrêtés restrictifs et contraignants ne s’accompagneront pas d’aides pour sortir nos agriculteur du cercle vicieux des pesticides.
Je dénonçais début avril le cruel manque d’ambition de nos collectivités en matière de politique agricole favorable aux modes de production biologiques. Pas un mot à ce sujet dans le budget prévisionnel de Conseil Régional d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, présenté par monsieur Richert et sa majorité pour l’année 2016. Rien non plus sur la possibilité d’engager nos cantines publiques à consommer local et bio, dans le but de garantir aux producteurs d’écouler leurs stocks et ce malgré le contexte de crise agricole qui pèse sur eux. Le manque d’ambition de nos élites UMP-LR-PS est lourd de conséquences. Il fait redouter aux producteurs bio de notre Région de mettre la clef sous la porte si les scénarios particulièrement défavorables du CRAEC devaient se confirmer.
Au regard des réalités du monde agricole, l’arrêté préfectoral du Haut-Rhin ne peut être considéré comme satisfaisant pour lutter contre les pesticides. Au contraire, celui-ci donne l’impression d’une prise de conscience des pouvoirs publics alors que le gouvernement négocie dans le secret son futur traité de libre-échange transatlantique (TAFTA), qui organise l’impuissance des états face aux exigences des multinationales en matière de pesticides notamment, mais aussi d’OGM ou de pratiques sanitaires à hauts risques. Nos élites cherchent ainsi à capter l’attention sur une petite réglementation inutile, alors que l’agriculture biologique disparait pendant que l’Etat prépare les grandes déréglementations de demain.
Le Collectif Nouvelle Ecologie s’associe à nos élus patriotes, seuls défenseurs du produire et consommer local, ainsi que de l’écologie pragmatique face à la politique de l’UMP (LR) et du PS.
Sylvain Marcelli
Conseiller régional
Responsable CNE-Alsace