Monsieur le président.
La lecture du rapport d’orientations budgétaires pour l’année 2016 que vous nous avez communiqué amène quelques commentaires de la part des élus patriotes, notamment autour de la question environnementale, qui nous préoccupe particulièrement, puisque il s’agit de préserver la qualité de nos richesses les plus élémentaires, telles que l’air qu’on respire, l’eau, ou les aliments qui nous nourrissent.
À ce sujet, notre groupe aurait aimé voir se dessiner, dans l’orientation de la politique environnementale de la Région, les contours d’une stratégie courageuse et incitative en faveur de l’agriculture biologique. Celle-ci nous tient d’autant plus à cœur dans le contexte actuel de crise agricole, qui s’explique par un certain nombre de facteurs tels que l’effacement des frontières économiques de notre pays, qui livre ce secteur aux lois du marché mondial dérégulé, mais l’on pense aussi que cette crise est la conséquence d’un appauvrissement des sols. Celui-ci est dû à nos modes de production et à l’usage de plus en plus systématique de produits chimiques qui augmentent la productivité à court terme, mais qui parallèlement tuent nos sols et sèment la mort, non seulement dans nos surfaces agricoles, mais aussi dans nos assiettes et dans tout l’écosystème, qui ne parvient pas à se débarrasser de ces molécules toxiques que l’on a de cesse de lui injecter.
Le groupe des élus patriotes propose d’aider nos agriculteurs tout en les accompagnant vers une transition des modes de production nécessaire et conforme aux orientations fixées par le Grenelle de l’environnement. Celui-ci prévoit de faire passer à 20 le pourcentage de surfaces agricoles utiles acquises au mode de production biologique. On rappellera néanmoins que les objectifs à l’horizon 2012 étaient de 6 % et qu’ils n’ont pas été atteints. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et pour que les collectivités s’engagent plus efficacement en revoyant leur façon de faire la politique.
C’est pour cette raison que notre groupe souhaite que la Région s’engage par exemple à approvisionner toutes les cantines scolaires et publiques de la grande région auprès d’agriculteurs locaux, proches des lieux de consommation et conformes aux exigences de l’agriculture biologique. Ceci permettra à un nombre conséquent de producteurs d’envisager sereinement leur transition tout en ayant la garantie d’écouler leurs stocks à des prix raisonnables. Et il nous semble que les contours d’un grand programme de soutien à l’agriculture biologique et aux consommations locales aurait eu toute sa place dans un schéma prévisionnel qui se veut responsable, ambitieux et courageux.
Au lieu de cela, force est de constater que la partie environnement de ce budget prévisionnel reste floue et incertaine. On nous parle de traitement des déchets sans évoquer les grands enjeux régionaux dans ce domaine. Nous étions, durant la campagne électorale, les seuls à nous inquiéter du devenir de sites de stockage, tels que celui de StocaMine, qui n’en finit pas d’inquiéter les spécialistes. L’ancienne région Alsace et la nouvelle grande région Grand Est portent pourtant une responsabilité en cas de pollution de la plus grande nappe phréatique d’Europe, si ce site de stockage était amené à poser problème, encore une fois.
Enfin, et j’en terminerai là-dessus, pourquoi ne pas aller plus loin encore dans le soutien apporté par la Région aux énergies renouvelables ainsi qu’aux rénovations thermiques, en conditionnant les aides de telle sorte qu’elles s’adressent en priorité aux entreprises locales, employant une main-d’œuvre locale, et dont le matériel installé serait dans la mesure du possible de fabrication locale lui aussi ?
Nous aurions tort de ne faire de l’écologie qu’un fardeau économique alors qu’environnement, localisme, économie et emploi peuvent se renforcer mutuellement dans le cadre d’une véritable stratégie politique vertueuse qu’il nous faut définir le plus rapidement possible, pour que l’action régionale ne se résume pas, comme c’est malheureusement trop souvent le cas à un saupoudrage de subventions pour essayer de combler un manque de vision stratégique à long terme des collectivités.
Nous regrettons par conséquent qu’une question aussi cruciale que celle de l’environnement puisse être traitée en quelques lignes qui ne semblent ne pas tenir compte des enjeux qui se présentent à nous. L’environnement étant aujourd’hui la cible d’une convergence de catastrophes auxquelles il faudra faire face pour faire de nos collectivités les garantes d’une justice intergénérationnelle conforme à l’esprit du bien commun.
Je vous remercie.