Sur le principe, le Grand Contournement Ouest pourrait être une réponse intéressante au problème d’engorgement de la A35 et de sa traversée strasbourgeoise de plus en plus difficile aux heures de pointe. La captation d’une partie de la circulation en transit vers le futur GCO et la fluidification générale du trafic qui en résulte seraient un atout tant pour le confort des usagers que pour l’attractivité de la ville. Le projet présenté par l’Etat en coopération avec la multinationale Vinci semble néanmoins ne pas tenir compte des réalités et générera par conséquent plus de problèmes qu’il n’en résoudra.
La réduction du nombre de voies du contournement n’anticipe pas l’augmentation du trafic à prévoir lors des prochaines décennies, du fait d’une croissance démographique locale estimée à +14% à l’horizon 2040, et d’une concentration progressive des emplois en zones urbaines qui générera de nouveaux trajets quotidiens en direction des grandes villes.
On sait pas ailleurs que le GCO s’équipera d’une station de péage, destinée à rentabiliser le projet. Outre les ralentissements que cela provoquera inévitablement, ce qui est dommage pour un projet qui devait au contraire fluidifier la circulation, il est à prévoir que les usagers continueront d’emprunter la A35, gratuite, en délaissant le grand contournement.
Enfin, l’autoroute A35 devrait être requalifiée en boulevard urbain. Sa vitesse sera réduite, mais pas son trafic puisque 90% des ses usagers se rendent quotidiennement à Strasbourg. Non seulement la circulation ne sera pas fluidifiée aux heures de pointe, mais elle s’encombrera tout le reste du temps.
Le GCO est un lourd investissement, tant sur les plans économiques qu’environnementaux (coût, destruction d’espaces naturels, menaces supplémentaires pour le Grand Hamster, perte de surfaces agricoles) qui aurait pu se justifier s’il répondait au problème d’engorgement de la A35, renforcé par une politique globale d’adaptation des transports en commun ainsi que par la régulation du trafic de camions dans la plaine d’Alsace, qui encombre le réseau de manière significative. Rien de tout ceci n’est à prévoir, le GCO ne résoudra rien, et ses conséquences seront lourdes pour l’environnement économique, social et écologique de la région strasbourgeoise.
Il est regrettable par ailleurs que cette question comme beaucoup d’autres ne fasse pas l’objet d’une consultation populaire, pas plus de la part de M. Ries que de M. Richert.
Sylvain Marcelli
Conseiller régional d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine
Responsable Collectif Nouvelle Ecologie – Alsace
